LES FABLES DE L'HUMPUR - Pierre BORDAGE

Publié le par Stéphane

1999
J'ai Lu, Science-Fiction n°6280 (mars 2007)
Couverture d'après Jérôme BOSCH
480 pages


4ème de couverture :

Dans le pays de la Dorgne, des êtres mi-hommes, mi-animaux perdent peu à peu leur patrimoine humain et s'enfoncent lentement dans la régression animale.
Tribus dominantes carnivores, communautés agricoles servant de nourriture aux clans prédateurs, tous sont soumis par le clergé aux lois de l'Humpur, qui punissent de mort les mélanges entre clans et les comportements individualistes.
Parce qu'il ne supporte pas de voir la jeune Troïa qu'il aime livrée aux appétits collectifs lors de la cérémonie rituelle de reproduction, Véhir brise l'enclos de fécondité et s'enfuit en quête des derniers dieux humains de la légende. Lui, le grogne paysan, va accomplir ce chemin en compagnie de Tia, une jeune prédatrice hurle en exil.

Pierre Bordage
Né en 1955, cet extraordinaire conteur a su conquérir les faveurs du grand public avec ses épopées mthologiques, métaphysiques et profondément humanistes (le cycle des Guerriers du silence, Wang, Les derniers hommes...). Les fables de l'Humpur, que beaucoup considèrent comme son grand œuvre, est une histoire d'amour universelle qui invente à chaque phrase le langage abâtardi d'une civilisation à l'agonie.



L'avis :

Il y a déjà quelques mois que Les Fables de l'Humpur[1] est dans ma PAL. C'est à l'occasion de la journée SF au Quai Branly organisée le 7 mai dernier que le livre fut soudainement propulsé en haut de la pile. En effet, il était un des sujets (indirects) d'une table ronde à laquelle Pierre Bordage participait. Voilà donc l'occasion de lire un des romans les plus connus de l'auteur vendéen.

L'édition que je possède, la J'ai Lu, classe le roman en fantasy. C'est évidemment une grossière erreur[2] car Bordage n'écrit que de la science-fiction, même si ce n'est pas nécessairement une volonté de sa part. En effet, Les Fables de l'Humpur est un roman qui se déroule dans un lointain futur. Ses protagonistes sont des créatures qui ont une nature mi-humaine, mi-animale. Génération après génération, ces êtres régressent, soumises par les lois de l'Humpur, qui interdisent toute sensibilité, tout indicidualisme, qui prônent, en fin de compte, le retour à l'animalité pure et simple.
Véhir est un grogne (un homme-cochon[3]) qui fuit son village pour garder son individualité, ne pas être comme ses frères qui sont plus proches de l'animal que de l'humain. Tia est une hurle, fille d'un seigneur promise à un vassal d'une cruauté sans égale. Elle fuit pour échapper à ce destin injuste. Elle va croiser Véhir et tous deux vont se lancer à la recherche des dieux humains des légendes, de l'humain pur.

Je pourrais tout simplement dire des Fables de l'Humpur que c'est un bon Bordage, ce qui signife que c'est un très bon livre. Que dire de plus ? Bordage y est à son meilleur, décrivant un univers fascinant par sa dureté, l'image futuriste de notre propre monde en déliquescence. On y trouve également des personnages complexes, en lutte contre leurs propres natures animales, leurs sentiments profonds qui les poussent à la cruauté, aux erreurs de jugement, mais qui puisent en eux l'humanité – ce qui chez Bordage signifie à peu près la divinité – pour surmonter la brutalité d'un monde terrible.
Les Fables de l'Humpur est un cheminement tortueux, tant pour les personnages que pour le lecteur, sur les sentiers de la fraternité entre races, de l'amitié entre ennemis héréditaires, du refus de la religion – mais pas de la foi.
Comme souvent dans son œuvre (La Trilogie des prophéties, Le Feu de Dieu...), Bordage ne fait pas que raconter une histoire passionnante, il fait réfléchir le lecteur sur son rapport au monde, celui qui l'entoure, qu'il voit, qu'il entend et qu'il sent, mais aussi celui imperceptible des forces supérieures qui existent, peut-être.

Un incontournable, et pas que pour les fans de Bordage.


[1] Prononcer « impur ». Humpur est la contraction de Humain et pur.
[2] Peut-être volontaire. La fantasy se vend mieux que la SF, à priori.
[3] Les différents peuples décrits dans le roman portent pour nom les cris des animaux qui leur correspondent.

Publié dans Littératures

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Z
Pour moi, c'est clairement son meilleur roman, et ton billet me donne carrément envie de le relire.
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