L.G.M. - Roland C. WAGNER

Publié le par Stéphane

2006
Le Bélial' (février 2006)
Couverture de Philippe GADY
320 pages


4ème de couverture :

Sexe, drogues, physique quantique & rock'n'roll !

Le 18 juin 1967, le monde retient son souffle : Arès-1 vient de toucher le sol martient dans la région de Chrysia Planitia. Si l'atterissage est brutal, la sonde américaine a le temps de transmettre un unique cliché. Sur la photo, la première représentation in situ d'un monde extraterrestre : le gros plan d'un Petit Homme vert tirant la langue à l'objectif... La nouvelle fait l'effet d'une bombe : l'humanité n'est plus seule dans l'univers ! Trente ans plus tard, en pleine guerre froide devenue brûlante, alors que le bloc Est affirme sa suprématie mondiale, que les États-Unis se balkanisent et foncent droit dans le mur de la dictature sous la houlette du Petit Buisson, leur président sortant, Mars envoie un ambassadeur. Le monde entier s'arrache immédiatement cet hôte de marque, mais ce dernier disparaît. Enlèvement politique ? Assassinat ? Quel épouvantable complot se trame derrière tout ça ? Pour la DGSE qui enquête sur la disparition du Martien, la concurrence est rude, pour le moins...

Entre uchronie débridée, récit d'espionnage, pamphlet politique acerbe et hommage assumé au Martiens, go home ! de Fredric Brown, L.G.M. s'impose avant tout comme un roman jubilatoire truffé de références en tous genres.


Filant tout droit vers ses quarante-six printemps, Roland C. Wagner est l'auteur d'une cinquantaine de romans et de pas loin de cent nouvelles. Saluée par le Grand Prix de l'Imaginaire (en 1999) et six prix Rosny Aîné, son œuvre s'articule entre ses Futurs Mystères de Paris (bientôt neuf volumes parus), ses planet opera colorés dans la pure tradition de Jack Vance (Le Temps du voyage) et ses textes de prospective plus proche de nous, souvent hilarants, toujours mordants, jamais neutres mais libérés du cynisme et de la morosité ambiante (La Saison de la sorcière). Une troisième veine dans laquelle s'inscrit clairement L.G.M.


L'avis :

Vous avez toujours tout voulu savoir sur les Petits Hommes Verts, venant évidemment de la planète Mars, les Petits Gris, les soucoupes volantes et l'effondrement des paquets d'ondes, alors lisez L.G.M. ! Le dernier roman[1] de Roland C. Wagner vous transporte de la Terre à la planète rouge, en passant par la Californie indépendante et les fins fonds de la Russie soviétique, tout cela en nous faisons croiser les extraterrestres verts et gris.
L.G.M. se veut un hommage au Martiens, go home ! de Fredric Brown et force est de reconnaître que l'auteur du Chant du cosmos fait honneur à son prédecesseur américain. À tel point qu'il me semble nécessaire d'avoir lu au préalable l'aventure de Luke Devereaux avant celle de l'agent de la DGSE et de l'ambassadeur martien, duo de choc de L.G.M., avant de lire ce dernier roman. Car on perçoit alors sans problème les références à l'œuvre qui a inspiré Wagner, signe que l'hommage est réussi. Certes, l'ambassadeur martien ne couime pas, il se téléporte banalement ; certes, il n'appelle personne Toto, mais il bédave sec et est capable de se taper une demi-douzaine de gonzesses en même temps, ce qui est autrement plus horripilant... Le Martien wagnerien est donc bien différent des Martiens browniens et c'est tant mieux, d'autant plus que la comparaison entre les deux romans s'arrête à la présence de Petits Hommes Verts dedans... et évidemment à celle d'un humour débridé.

Je ne veux pas raconter l'histoire qui nous est contée dans L.G.M. et je me contenterai seulement de dire que le héros, un agent secret français chargé de la protection du premier ambassadeur martien à venir visiter la Terre, va aller de péripéties en péripéties tout au long du roman. Il se rendra aux quatre coins d'un monde bien différent du nôtre, et pour cause : la sonde Arès-1 envoyée sur Mars a pris pour unique photo celle d'un Martien espiègle ; nous sommes après l'an 2000 et la Guerre Froide est toujours d'actualité ; la Californie et d'autres états américains ont pris leur indépendance, et caetera. L'auteur s'amuse beaucoup avec notre monde pour faire du lecteur le témoin de scènes rocambolesques, pour lui présenter des personnages d'autant plus ridicules qu'ils sont sensés être sérieux et/ou dangereux ou pour déboulonner à l'occasion les politiques (surtout le Président américain qui n'est pas sans rappeler le fils Bush, d'autant plus qu'il s'appelle Petit Buisson) et des groupes sociaux divers et variés.
Enfin bref, comme dans tous ses romans, Roland C. Wagner nous fait rire. Il raconte en plus une histoire passionnante, qui se lit très bien grâce à une grande qualité d'écriture et qui se révèle finalement bien plus intelligente et impertinente qu'il n'y paraît (mais là encore c'est une caractéristique de l'œuvre wagnerienne). Mention spéciale à la brillante explication de l'expérience du schbrounniekk dans la caverne qui n'a pas à rougir devant celle de Greg Egan dans son roman Isolation.

Je dis donc merci à l'Homme-intestin et à l'auteur himself de m'avoir conseillé ce roman que j'invite à mon tour à découvrir sans hésitation.


[1] Oui, c'est bien le dernier roman inédit de Wagner. Les nombreuses rééditions des romans de l'auteur (Les Futurs mystères de Paris, L.G.M. justement et Cette crédille qui nous ronge par exemple), dont on peut d'ailleurs se féliciter, pouvant porter à confusion.
Edit du 09/10/2009 : je me permets de publier le message qui m'a été envoyé par Roland C. Wagner au sujet de cette note : « il se trouve que ce n'est pas mon dernier roman paru, mais l'avant-dernier, le dernier étant Mine de rien. Ce n'est pas non plus le dernier écrit, vu qu'il date en fait du début des années 2000 ». Comme ça, tout est bien clair.

Publié dans Littératures

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E
<br /> Au final je suis assez mitigé sur RCW, autant j'ai aimé la Crédille autant j'ai trouvé les Futurs Mystères de Paris en dents de scie (formidable pour l'Odyssée de l'Espèce et assez moyen pour La<br /> balle du néant ou L'aube incertaine).<br /> <br /> Du coup j'hésites à plonger sur LGM depuis un moment.<br /> Les articles sur Génération SF à propos de son univers donne envie de plonger mais cette envie n'est pas confirmée par mes dernières lecture...<br /> <br /> <br />
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