LES CHRONOLITHES - Robert Charles WILSON

2001
Gallimard, Folio SF n°293 (janvier 2008)
Traduction de Gilles GOULET
Couverture de MANCHU
448 pages
4ème de couverture :
La vie de Scott Warden bascule le jour où il est témoin de l'apparition du premier chronolithe à Chumphon, en Thaïlande. Ce monument hors du commun célèbre la victoire du seigneur de la guerre Kuin. Mais cette victoire n'aura lieu que dans vingt ans et trois mois. Qui peut bien être ce Kuin dont on ignore tout ? Et comment ce monument a-t-il pu venir quasi instantanément du futur ? Autant de questions auxquelles vont tenter de répondre Scott et son ancien professeur de physique, Sulamith Chopra, pendant qu'autour d'eux le monde semble s'écrouler, dans l'attente de l'avénement de Kuin.
Un grand roman de science-fiction aux allures de thriller scientifique, empreint, comme souvent chez Robert Charles Wilson, d'humanisme et de mélancolie.
Né en 1953 en Californie mais vivant aujourd'hui à Vancouver, Robert Charles Wilson s'est imposé comme l'une des têtes de file de la science-fiction canadienne avec des romans tels que Mysterium, BIOS, Darwinia, Les Chronolithes ou Spin qui lui ont valu de nombreux prix littéraires, dont le prestigieux prix Hugo.
L'avis :
Une fois n’est pas coutume, voilà un livre qui dispose d’un très bon quatrième de couverture. Il introduit parfaitement l’histoire. Que puis-je rajouter ? Quelques détails sur les personnages, peut-être.
Scott Warden est une des premières personnes à voir le premier chronolithe à apparaître. Il s’est approché de l’énorme obélisque de verre bleu avec son copain, Hitch Paley, pendant que sa fille est malade et a frôle la mort. C’est la goutte qui fait déborder le vase pour sa femme qui retourne aux Etats-Unis et le quitte. Scott revient alors lui aussi dans son pays natal où il reprend son métier d’informaticien. Bientôt, il est engagé par Sulamith Chopra.
Sulamith Chopra est une grande physicienne spécialiste des espaces de Calabi-Yau et qui mène des recherches, pour le gouvernement américain, sur les chronolithes. C’est une femme un peu associale, en tout cas qui vit pour son travail. Elle a engagé Scott Warden autant parce que c’est un de ses anciens étudiants que parce qu’il est un bon informaticien. Mais aussi parce qu’il a été pris dans une turbulence tau du premier chronolithe, c’est-à-dire en quelque sorte le flot des événements qui secouent la planète.
Ashlee Mills est une femme ayant élevé seule son fils rebelle. Ce dernier est un kuiniste, un de ceux qui pensent que Kuin va sauver le monde. Elle et Scott font connaissance quand Adam Mills et la fille de Warden fuguent, avec d’autres jeunes pour assister à l’apparition d’un chronolithe au Mexique.
Autres personnages importants, si on peut dire, les chronolithes eux-mêmes. Ce sont de grands monuments de verre bleu, de tailles et de formes variées, construitent à la gloire de Kuin, ce mystérieux chef militaire qui doit semble-t-il conquérir le monde dans 20 ans.
Il y a bien d’autres personnages secondaires, qui permettent à Robert Charles Wilson de nous présenter toutes
les facettes de cette société du XXIème siècle bouleversée par l’apparition des chronolithes. Il y a les Pro-Kuin, modérés ou extrémistes, les Anti-Kuin, les gens qui tentent de survivre dans une société qui se militarise pour affronter l’avénement de Kuin, les jeunes en perdition, et caetera.
Les Chronolithes se focalise sur deux grands aspects de l’affaire « chronolithe » : l’aspect scientifique et l’aspect social.
Scott Warden est impliqué juste ce qu’il faut dans les recherches sur les chronolithes pour qu’on ait quelques explications scientifiques sur ces monuments de verre. Mais Les Chronolithes ne sont pas pour autant un roman de Hard-SF. Ou alors c’est de la Hard très très soft. Comme beaucoup de romans traitant de phénomènes spatio-temporels, il ne s’appuie que sur de vagues théories qui tiennent à peine debout, où les paradoxes ne sont pas pris en compte ou éludés rapidement. Voilà pourquoi j’évite en général les romans dont le titre comporte le mot « temps » ou une de ses variantes (comme « chrono »). Je n’aime pas les histoires de voyage dans le temps, de modification du passé, de l’avenir et tout ce qui traite des paradoxes temporels car c’est souvent du grand n’importe quoi. Les Chronolithes ne m’ont pas déçu de ce côté-là. Ce n’est pas crédible.
Deuxième aspect du roman, cette fois d’un tout autre intérêt, l’aspect social. La force des Chronolithes est probablement l’exactitude avec laquelle Wilson nous décrit une société qui flageolle sur ses pieds d’argile. L’apparition des chronolithes annonce l’arrivée d’un homme que certains pensent être un sauveur et d’autres un simple seigneur de guerre plus malin et fort que les autres.
Scott Warden est frappé de plein fouet par l’impact des pierres de Kuin sur la société. Sa fille fugue pour suivre un groupe de kuinistes et assister à l’apparition d’un chronolithe au Mexique. Il part à sa recherche, rencontre Ashlee Mills et tous deux vont chercher leurs enfants au péril de leurs vies. Voilà où se trouve le talent de Wilson : dans la présentation de personnages terriblement humains, attachants par leur crédibilité, leur ordinarité tout simplement véridique. Si vous devez lire Les Chronolithes, c’est pour faire connaissance avec Scott Warden et Ashlee Mills. Le reste a assez peu d’intérêt.
Voilà. Les Chronolithes ne m’ont pas convaincu. Heureusement que c’est bien écrit, sinon j’aurais pu prendre du déplaisir à lire ce roman. Robert Charles Wilson est probablement un auteur à lire, mais je n’ai pas encore lu d’autres de ses romans pour le confirmer. Je souhaite seulement que Les Chronolithes ne soit pas son meilleur…