SOCRATE LE DEMI-CHIEN, TOME 1 & 2 - SFAR & BLAIN

Publié le par Stéphane

UlysseHéraclès
Scénario de Joann SFAR
Dessin de Christophe BLAIN
Couleur d'Audré JARDEL
Socrate le demi-chien, 1 & 2
2002 & 2004
Dargaud, Poisson Pilote (janvier 2010)
50 pages


4ème de couverture :

Pas de texte sur les quatrièmes de couverture.


L'avis :

« Je me nomme Socrate. Je ne suis pas juste un chien, je suis le chien d'Héraclès. Mon maître est le fils de Zeus, c'est un demi-dieu. Moi, je suis le fils du chien de Zeus, je suis un demi-chien. Moitié chien, moitié philosophe. Ma philosophie consiste à ne rien faire. Quand j'ai faim, je mange ; quand j'ai sommeil, je dors. Je suis mon maître où qu'il aille, ce qui m'évite de prendre des décisions. Je sais, vous vous dites que ce comportement ressemble beaucoup à celui d'un chien ordinaire. Sauf que moi, j'ai la parole. Mieux, je sais lire. Ce qui n'est pas le cas de mon maître »
Voilà les premières paroles de Socrate, le personnage principal de la série éponyme. On comprend directement que l'humour sera de la partie. Au fil des pages, on se rend compte que les albums qui la composent sont intelligents. Ils interrogent le lecteur sur la condition d'humain et les relations hommes-femmes (notamment dans le tome 1, Héraclès) et hommes-hommes (principalement dans le second tome, Ulysse). Joann Sfar fait tenir à Socrate un propos philosophique qui reste toutefois très à la portée du lecteur[1].

Avec Socrate le demi-chien, Joann Sfar s'amuse surtout avec les figures de la mythologie grecque. Dans Héraclès, le héros du même nom s'en prend plein la figure. Il apparaît comme un macho, manquant vraiment d'intelligence et employant la force à outrance. Dans Ulysse, Héraclès et Socrate rejoignent Ithaque pour rencontrer le héros de l'Iliade et l'Odyssée. Alors que dans le premier tome seul le fils de Zeus était la cible du scénariste du Chat du rabbin, de Donjon ou de L'Ancien temps, dans le second album, c'est bien plus de personnages légendaires, ainsi que leurs mythes, qui sont piétinés avec humour : outre Ulysse qui devient un mari infidèle et fuit son foyer et sa femme, Homère devient le cyclope dont le roi d'Ithaque a crevé l'œil. Sans parler de Jonas et des décisions très prudentes du tempêtueux Poséidon, ici d'un calme Olympien. Joann Sfar nous entraîne dans une Grèce antique rigolote, sur les traces de héros devenus anti-héros.

Les dessins de Christophe Blain, qui illustrent les aventures et les paroles de Socrate, sont dans un style assez sfarien, au point qu'on pourrait croire que le scénariste est au dessin et vice-versa. Les planches sont découpées en six cases égales, dans lesquelles les personnages s'animent, vivant par les traits tout en courbes de l'artiste. Ce dernier ne s'attarde pas trop dans les détails des décors, ni des personnages, mais insiste sur les expressions de ces derniers. Le travail de Blain est simplement réussi.

On prend donc grand plaisir à suivre les pérégrinations de Socrate le demi-chien. Le troisième tome, Œdipe à Corinthe, étant sorti dernièrement, nous allons pouvoir le découvrir avec grande joie très très prochainement.


[1] J'entends par là que Sfar reste globablement à un niveau philosophique de cours de philo de Terminales S.

Publié dans Bandes Dessinées

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