LA ROUTE - Cormac McCARTHY

Publié le par Stéphane

2006
Points (mai 2009)
Traduction de François HIRSCH
256 pages


4ème de couverture :

L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent tout ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

« Comment saurait-on qu'on est le dernier homme sur Terre ? »

Né en 1933 dans l'État de Rhode Island, Cormac McCarthy, auteur de nombreux romans plusieurs fois primés, est l'un des écrivains américains les plus importants de sa génération, il est notamment l'auteur de No country for Old Men, adapté au cinéma par les frères Coen. La plupart de ses livres sont disponibles en Points.

« Ce roman vous étreint dans une émotion d'une intensité rarement atteinte dans la littérature. »
Le Point


L'avis :

La Route de Cormac McCarthy a reçu, en 2007, le Prix Pulitzer, un des prix littéraires les plus cotés. Il va être adapté très prochainement (sortie en décembre 2009) au cinéma. La marque d'un grand roman ? Les gens diront sans doute oui. Moi, je dis non. La Route, tout roman de science-fiction qu'il est, n'est franchement pas passionnant. Il a le mérite, toutefois, d'être bien écrit.

En effet, Cormac McCarthy manie visiblement bien la plume (pour autant que je puisse en juger, étant donné que c'est le premier roman de l'auteur que je lis). Le roman se lit facilement une fois qu'on s'est habitué au rythme particulier du récit, à la façon qu'a l'auteur américain de n'utiliser aucune virgule et d'employer des phrases aux triples ou quadruples locutions[1], ainsi que de placer des phrases au participe présent. Cela dit, la traduction est passée par là, ce qui n'aide pas au jugement de l'écriture de l'auteur.
La Route n'est pas un roman rigolo – mais pas non plus triste comme je l'expliquerai plus loin –, empreint d'une ambiance insolite, qu'on ressent grâce au travail de l'auteur. Le silence de l'hiver qui se pose sur un monde post-apocalyptique, le ralentissement des mouvements – de l'action – à cause du froid sont perceptibles. Notamment grâce à la façon dont sont introduites les paroles des personnages : mêlées au reste du texte ou amenées un simple retour à la ligne sans tiret.
C'est LE point fort du roman de Cormac McCarthy : ce dernier installe le lecteur dans son livre, réussit à le placer à côté de ce père et de ce fils qui fuient vers le Sud et un climat hypothétiquement plus doux.

Toutefois, si l'auteur de No Country for Old Men réussit à introduire le lecteur dans son récit, il échoue à lui faire ressentir quoi que ce soit pour les deux personnages. Ne rien savoir sur eux crée une situation de recul qui empêche l'émergence de sentiments à leur encontre. Le mystère des origines de cette fin de monde nuit à la culpabilisation du lecteur ou à le faire rager contre des coupables[2]. La Route est un roman vide d'émotion, donc pas triste comme certains vous le diront.
Vide d'émotion, mais aussi vide de sens. À quoi mène ce cheminement ? À rien en fait. Non pas un rien qui serait le Néant – la Mort  – mais au contraire à une conclusion « bisounours » où tout est bien qui finit bien, un joli Happy End à l'américaine, où évidemment on découvre qu'il y a un Dieu et qu'il est bon.

La Route ne me laissera pas de souvenir indélébile. Je l'aurai sans doute oublié dans quelques semaines.


[1] Je crois que c'est le bon terme, mais un exemple valant mieux qu'une longue explication... McCarthy livre des phrases du type "il fait ça et il fait ceci et il fait cela" et non un habituel "il fait ça, ceci et cela". Je suis clair ?
[2] On me répondra sûrement que n'avoir aucune explication est tout le concept du roman. Je répondrai que c'est vrai et que cela fait du concept de ce roman un concept de mauvais roman.

Publié dans Littératures

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L
<br /> <br /> "La route" est vraiment un livre très étonnant. QUand je l'ai ouvert, je m'attendais à tout sauf à ça... Il est étrange et dérangeant, mais se lit très facilement. C'est le genre de livre qui<br /> nous encourage à nous poser des questions. Je je peux pas dire que c'est une belle histoire, mais l'idée est là... (j'espère que tu comprends ce que je veux dire !)<br /> Le pire dans "La route", c'est que Cormac McCarthy joue sur l'anonyme : on ne connait pas le nom des différents personnages, mais on est terriblement touché par eux. C'est comme regardé un JT, on<br /> ne connais rien d'eux, mais on aimerait pouvoir les aider, mais c'est impossible...<br /> A lire !<br /> <br /> D'ailleurs, si ça t'intéresse, je viens de publier mon avis sur "la route" sur mon blog.<br /> Joli article, je reviendrais ;)<br /> Bonne continuation !!<br /> <br /> <br /> <br />
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