THIS IS NOT AMERICA - Thomas DAY

Publié le par Stéphane

2009
ActuSF, Les Trois Souhaits (février 2009)
Couverture de Diego TRIPODI
126 pages


4ème de couverture :

Ce n'est pas l'Amérique.
En tout cas, pas la nôtre.
Mais c'est la sienne. L'Amérique de Thomas Day, où frayent dans un carambolage d'influences, le carton pâte fané d'une puissance passée, le road sign rouillé – moitié ensablé – qui indique le chemin de la Zone 51, le cool déjanté d'un Tarantino sous crack et l'ombre, découpée dans la lumière du couchant sur John Ford's Point, de ce héros américain – la mâchoire carrée et le zygomatique en berne – qui regarde loin, vers l'horizon et la Frontière.
This is not America c'est trois nouvelles, lettres d'une Amérique qui n'est tellement plus elle-même qu'on a déjà l'impression de la connaître.

Auteur d'une quinzaine de romans, d'une cinquantaine de nouvelles, anthologiste et critique, fin connaisseur de l'Amérique, Thomas Day est ici au meilleur de son art : caustique, acerbe et vif.


L'avis :

This is not America est un des derniers nés de la plus si petite famille des éditions ActuSF – Les Trois Souhaits[1]. C'est Thomas Day, alias Gilles Dumay, qui entre dans le prestigieux groupe des auteurs d'ActuSF, déjà composé de Jean-Michel Calvez (Manières noires), Sylvie Lainé (Le Miroir aux éperluettes et Espaces insécables), Michael Moorcock (London Bone) Roland C. Wagner (H.P.L., Cette crédille qui nous ronge...) entre autres.
Les trois nouvelles de ce petit recueil se déroulent dans une Amérique décalée, qui n'est évidemment pas la vraie...

Cette année-là, l'hiver commença le 22 novembre raconte la fuite des assassins de John Fitzgerald Kennedy, après l'accomplissement de leur mission. De leur mission, oui, car ce sont des agents du gouvernement. Ces trois hommes – on est loin de l'hypothèse où Lee Harvey Oswald fait le coup tout seul – se dirigent en pick-up vers une planque. C'est l'occasion pour l'auteur de décrire trois personnalités atypiques de barbouzes désenchantés.
L'aspect science-fictif de la nouvelle se trouve dans l'existence d'extraterrestres sur Terre, capables de prendre le contrôle des corps humains. Les assassins de JFK se demandent d'ailleurs si on ne leur a pas fait abattre le Président des USA parce qu'il était en fait un E.T.
Cette première nouvelle du recueil n'est pas d'une grande originalité, ni dans les thèmes, ni dans la forme. Il a été imaginé à peu près tout et n'importe quoi autour de l'assassinat de JFK. Cette année-là, l'hiver commença le 22 novembre apparaît comme une simple relecture de cet événement phare de l'histoire américaine. Certes, il le fait de façon très sympathique, mais il nous prouve qu'il peut faire mieux...

American Drug Trip est une histoire totalement farfelue. Imaginez un homme racontant les événements qui l'ont amené au Bord du Monde (le vrai bord du monde, là où il s'arrête pour de vrai), en compagnie d'un ours qui parle et portant un pagne en peau de couilles d'Indien : vous avez une bonne idée du délire dans lequel est parti Thomas Day. Et c'est très bon !
Hilarante, inventive, entraînant le lecteur à des années-lumière de son univers habituel, cette nouvelle est à mon avis la meilleure du recueil. Elle est tout simplement géniale et justifie peut-être à elle seule l'acquisition de This is not America.
Je n'en dis pas plus car il faut découvrir par soi-même les péripéties du narrateur, être surpris par chaque rebondissement de son épopée pour apprécier pleinement ce petit chef-d'œuvre.

Enfin, avec Éloge du sacrifice, nous nous retrouvons à bord de Air Force One, en compagnie de Francis Ford Grayson, Président des États-Unis d'Amérique. En compagnie, également, d'envahisseurs extraterrestres qui ont décidé de torturer un tant soit peu le deuxième homme le plus puissant du monde – après le président chinois – pour lui faire accepter leur implantation sur notre chère planète.
Pour faire fléchir la volonté de Grayson, les E.T. lui font revivre des batailles historiques, dans la peau de chefs de guerre morts durant ces dernières, comme Léonidas (à la bataille des Thermopyles) ou Eléazar Ben Yaïr (au siège de Massada). C'est l'occasion pour l'auteur de se faire plaisir en revisitant des moments clefs de l'Histoire de l'humanité.
La nouvelle est sympathique et intéressante. Elle clôt This is not America sur une belle conclusion et on referme le livre en se disant qu'il faut lire du Thomas Day[2]. Et qu'il faut lire ce que produit ActuSF, aussi[3].


[1] Vient d'ailleurs de paraître Baroudeur, recueil de nouvelles de Jack Vance, Le Guide des Fées, regards sur la Femme de Virginie Barsagol et Audrey Cansot et Les Chants de glace de Jean-Marc Ligny.
[2] L'Instinct de l'équarisseur, seule autre œuvre de l'auteur que j'ai lue jusqu'à présent m'avait beaucoup plus.
[3] En toute objectivité, bien sûr.

Publié dans Littératures

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